Didier Jacobée, le Maître du Jeu
Si le Vendômois Didier Jacobée est un homme discret, il n'en est pas moins un des acteurs les plus importants du pays dans le domaine du jeu, puisque son influence s'étend bien au-delà des frontières du Vendômois, bon nombre des jeux qu'il édite étant aujourd'hui distribués à l'international.
Ancien directeur commercial du mensuel Jeux et stratégies dans les années 80, puis directeur de la rédaction de Graal, journal de référence en matière de jeux de simulation, il crée « Totem » au début des années 90, une société qui sera à l'origine des premiers championnats de France de Rummikub. Il reçoit l'As d'or à Cannes en tant qu'auteur pour son jeu « Qui va faire la vaisselle ? » : « Ce jeu à fait un carton dans les pays du nord de l'Europe, mais a nettement moins bien marché dans les pays du sud », confie-t-il en souriant.
Puis, il crée RM Communication, organise les championnats du monde de Monopoly et... lance en France le premier jeu de cartes à collectionner, Magic the Gathering, dont le nombre de fans est en augmentation constante depuis plus de vingt ans.
En 1993 et jusqu'en 2010, ce sera l'aventure de Tilsitt Éditions, avec les nouvelles éditions de Stratégo, les Colons de Catane, ou le Risk « édition Napoléon », ainsi que des jeux issus de séries télé comme Buffy contre les vampires ou Charmed.
Le jeu, une industrie en pleine expansion
Malgré tous ces succès, Didier Jacobée n'est pas pleinement satisfait. C'est pourquoi il crée alors Sweet November, une nouvelle société d'édition de jeux dont la vocation sera de se consacrer aux « jeux modernes, plus sympas et plus coopératifs » dont la plus grande réussite reste à ce jour « Les poilus », un jeu sur la Première Guerre mondiale, illustré par Tignous et distribué en Europe, aux USA et en Asie.
« Décider d'éditer un jeu n'est pas une chose facile. Pour moi, il faut que ce jeu raconte avant tout une histoire. Ensuite, il passe en phase de test. Nous testons environ 250 propositions chaque année. Au final, quatre jeux seulement sont retenus. En France, c'est 1.500 jeux qui sortent tous les ans. Tous ne trouvent pas forcément leur public. »
En 2020, et malgré la fermeture des points de ventes spécialisés durant plus de trois mois, la vente des jeux défendus par Didier Jacobée a bondi de 20 %. « C'est sans doute l'effet confinement. Le jeu est devenu l'occupation des Français obligés de rester chez eux. Ils ont redécouvert à cette occasion une forme de convivialité dont ils avaient besoin... »
Cor.NR : Pascal Blondiaux