Philippe R. Berthommier, de fragment en fragment
Modeste, humaniste, épicurien... Difficile de trouver le mot qui pourrait définir Philippe R. Berthommier. Sans doute est-il finalement comme ses propres toiles qui, de fragment en fragment, finissent par constituer un réseau tendant à l'unité. Et en ce sens, on peut écrire qu'on se trouve face à un artiste qui ne fait qu'un avec son art.
Mais comment faire le portrait d'un homme qui parle des autres plus que de lui-même. « Je déteste l'expression " je me suis fait tout seul ", dit-il, il est fondamental de considérer les autres qui apportent tant de choses et sans qui nous ne serions pas ». Comme un témoignage silencieux à ces propos, aucune de ses œuvres n'est accrochée dans sa maison-atelier d'Épuisay. Mais on y trouvera le travail de ses amis Michel Saint-Lambert, Victor Marqué, et Louis Leygue qui a parrainé sa première exposition : « Il a beaucoup compté pour moi, et vous voyez, il est toujours présent... »
Également assistant enseignantLe partage des histoires humaines semble être la matrice de l'œuvre de Philippe R. Berthommier qui est sorti des Beaux-Arts de Tours à 24 ans. Une orientation presque naturelle pour un jeune homme qui tout petit déjà n'aimait pas les jeux et passait son temps à dessiner. L'école ? Il s'y est beaucoup ennuyé même s'il n'était pas un « mauvais élève ». Mais le cadre scolaire lui pesait : « J'avais besoin de déployer à fond mon imaginaire ». Après avoir réussi son concours, il devient assistant enseignant artistique pour la ville de Vendôme. Le fait de travailler et de ne pas « vivre uniquement de son art » est un choix assumé : « Pas question d'imposer la galère à mon entourage. Et cela me permet d'être plus exigeant en matière artistique, de ne pas tomber dans la facilité commerciale, même si je me refuse à juger ceux qui le font, parce que pour un artiste, c'est souvent difficile de ne pas faire autrement ».
Finalement, Philippe R. Berthommier fait visiter son atelier. Là encore, comme sur ses toiles, pas beaucoup de séparation entre la vie et le travail d'artiste. « Même la fenêtre de la chambre donne sur l'atelier. D'ailleurs, je dois préciser que je dois beaucoup également à mon épouse, qui m'accompagne et me soutient. » L'atelier a une odeur agréable, on sent, on comprend parfaitement pourquoi notre homme s'y trouve à son aise. On y découvre alors l'amour qu'il a pour le papier, les nombreux carnets remplis de dessins (d'ailleurs, il en a toujours un dans son sac).
Sur sa façon de travailler, il explique : « D'abord, on doit se rendre disponible... Être capable d'accueillir ce qui se présente. Au fond, on court toujours plus ou moins après la même chose toute sa vie. Moi, c'est ce qui relie les gens ou les choses. Nous vivons dans un monde où la rapidité des informations qui nous parviennent fait qu'elles s'entrechoquent sans cesse. J'essaie de les faire coexister sur mes toiles... ».
Cor.NR Pascal Blondiaux